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lundi 16 février 2009

Quartett : Quand le théâtre africain se réapproprie une œuvre européenne

Par Hamidou Valian
Crédit photo Vivien Nomwindé Sawadogo

Les vendredi 6 et samedi 7 février 2009, le CCF/Georges Méliès de Ouagadougou a présenté la version africaine de Quartett de Heiner Müller dans une mise en scène de Fargass Assandé. Après trois mois de résidence de création, Odile Sankara, Fargass Assandé, Mbilé Yaya et Ibrahim Abba, ont partagé le fruit de leur travail avec leur public.


Il est 20h30 lorsqu'une lumière légère, jaune ocre pleut sur le plateau du Grand Méliès. Côté jardin et à l’avant scène, un espace de forme circulaire tapissé par des peaux d'animaux, accueille deux fauteuils d'un design assez particulier. Une table sur laquelle trônent deux coupes et une bouteille de vin rouge sépare les fauteuils. Signes de l'aisance sociale des occupants de cet espace. Côté cour, le décor est sommaire. Seul un tronc d'arbre que le jeu de lumière place derrière des barreaux, sert de meuble.

La Marquise de Merteuil et Le Vicomte de Valmont sont les personnages principaux. Leurs rôles sont respectivement interprétés par Odile Sankara et Fargass Assandé. Ces deux personnages sont à la fois complices et ennemis, leur jeu cache très mal l'amour, la jalousie et l'orgeuil qui les animent. Les plaisirs charnels sont leur passe-temps favoris et pour eux, l’utilité du corps humain ne se limite qu’à cela. Odile Sankara sur scène ne portait que du rouge, signe de passions forte, mais aussi de la permanence d’un danger ou d’une manigance avec son complice de Vicomte. Dans leur quête perpétuelle de nouvelles escapades, l'épouse de Monsieur de Tourvel et la jeune vierge Cécile de Volanges seront des proies. Ces dernières ne résisteront pas au jeu de séduction du Vicomte de Valmont.

Le jeu des acteurs est certes impeccable mais le message reste difficile à cerner. Les spectateurs retiendront sans doute le caractère très érotique de la pièce. Les acteurs miment en effet l'acte sexuel sur scène. Fellation, éjaculation, sodomie... La grande partie du texte appartient au champ lexical du sexe. C'est une sorte d'apologie du libertinage qu'illustrent bien les propos de Valmont « la fidélité est le plus sauvage des dérèglements ». Dans le duel qui oppose Merteuil et Valmont le sexe, le corps de façon générale est constamment tourné en dérision. En témoigne cette phrase de la Marquise: « Qu'avez-vous appris à part manoeuvrer votre queue dans des trous en tout point semblable à celui d'où vous êtes issu ». C'est le peu de peu de pudeur qu'il reste à un peuple en voie d'être occidentalisé qui en prend un coup.

Il faut rappeler que Quartett est à l'origine un roman du français Pierre Choderlos de Laclos intitulé « Les liaisons dangereuses ». A travers cette oeuvre épistolaire paru en 1782, l'auteur stigmatisait le comportement libertin de la classe aristocratique d'antan. Aujourd’hui mise en scène par l'ivoirien Fargass Assandé avec des interprètes burkinabè comme Odile Sankara, la pièce participe, selon le Directeur du CCF, de l'abolition des frontières.

Après Ouagadougou et Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, les autres coproducteurs de la pièces que sont le CCF de Bamako, le centre culturel franco-nigérien de Niamey et le Dionysos-la Scène conventionnée de Cahors en France accueilleront le spectacle.

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