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Blog d'information générale sur l'actualité au Burkina Faso

mercredi 24 décembre 2008

Recherche et innovation : Le Burkina Faso a son vin

lundi 22 décembre 2008.

Hier jeune ouvrier, aujourd’hui à la retraite, il a rejoint le cercle restreint des innovateurs et chercheurs burkinabè. Sage comme une image, le vieux à la barbe blanche mousse le vin blanc avec des matières premières locales. Le bangui des petits Gouin de Banfora. Promoteur de Bomba Techno à Banfora, Koné Soungalo comprend et approuve les mouvements des étudiants qui ne réclament que de meilleures conditions d’étude. Venu exposer les résultats de ses recherches, nous l’avons rencontré pour parler de son métier et sa vision des études supérieures.
L’éveil éducation : Depuis combien de temps êtes-vous dans le domaine de la recherche ?

Koné Soungalo : Je suis innovateur, mais si l’innovation à un certain niveau peut être considérée comme de la recherche, tant mieux. Disons que c’est depuis ma tendre enfance que je suis dans l’innovation. Je me suis toujours dit que face à toute difficulté on devait faire l’effort de trouver la solution avec les moyens qu’on a. rien que cette démarche déjà c’est une démarche de recherche.

Partir du minimum pour faire beaucoup, le maximum et relever toujours les défis. Depuis donc les années 60 où j’étais au lycée Ouezzin Coulibaly à Bobo Dioulasso, je suis dans l’innovation. C’est à ma retraite en 2001 que j’ai créé mon unité de recherche et développement Bomba Techno, pour prouver aux gens comment on peut réussir avec nos ressources. Je refuse que le concept selon lequel l’Afrique est pauvre ou que le Burkina Faso est pauvre. Nous sommes immensément riches, nous avons d’énormes potentialités et on devrait mettre l’accent sur la valorisation de nos ressources et les transformer parce que nous ne sommes que des spécialistes en exportation de matières premières.

A travers des cadres comme le FRSIT, je montre ce qu’on peut faire avec ce qu’on a. pour cela vous avez le bangui, vous avez du vin de bissap, vous avez du whisky de petit mil, le vin blanc, bientôt le vin mousseux. Tout est fabriqué sans produits chimiques mais partant de nos ressources naturelles. On peut stabiliser le dolo, faire nos pattes alimentaires, la véritable bière de sorgho, de petit mil, de manioc ou même de bissap. On peut tout faire avec ce qu’on a. il faut aller très vite vers la transformation de nos productions, de nos ressources et c’est ce qui peut booster et l’agriculture, et toutes les spéculations ; parce que quand il n’y a transformation il n’y a pas plus value. Je dirai qu’on ne peut parler de développement s’il n’y a pas un tissu industriel.

Le Burkina n’a pas de tissu industriel, donc ce sont les PME et PMI qui vont contribuer à créer progressivement le tissu industriel partant duquel on peut amorcer un développement véritable. On est en train d’arriver à l’agrobusiness aujourd’hui, mais il était temps ! Avec une daba on ne peut pas être compétitif, ce n’est pas possible. Tant qu’on ne va pas mettre l’accent sur les études supérieures, tant qu’on ne va pas placer des tremplins entre l’université et les entreprises, tant qu’on ne va pas donner les moyens et les outils à la recherche, tant qu’on ne va pas considérer les résultats de la recherche au niveau du continent africain, on ne fera que végéter dans l’assistance constante. Ce serait dommage et simplement une pauvreté d’esprit.

Dans quel domaine étiez- vous avant d’aller à la retraite et qu’est-ce que vous retenez de ce temps de services rendus à la nation burkinabè ?

Je ne peux pas vous résumer ça en cinq ou dix minutes, ou dix heures ou dix mois (rires) ! Une vie ne peut pas se résumer. Celui qui se rappelle de son passé je crois a fait ça pour lui- même. Quand vous faites une bonne œuvre est-ce que vous vous rappelez de tous les bienfaits ? Si vous vous rappelez de vos bienfaits c’est que ce n’était pas aussi spontané. Je ne sais pas ce que j’ai fait c’est vous qui pouvez le savoir. Ce sont ceux qui ont profité positivement de moi qui peuvent raconter ma vie. Sinon chaque jour qui passe pour moi est une vie entière et je suis toujours dans l’oubli d’hier pour avancer. J’étais un ouvrier d’une entreprise de la place, c’est tout.

Croyez - vous que l’Afrique peut se nourrir elle- même ?

Ce n’est pas que je crois, j’ai la certitude et je martèle mes mots. Je vais vous donner un seul pays le grand Congo, ce seul pays peut nourrir une bonne partie de l’Afrique, ce seul pays peut fournir l’énergie électrique. Malheureusement ce grand pays qui a d’énormes ressources se trouve être toujours en guerre, et vous savez pourquoi. C’est là où il y a de la richesse qu’il y a toujours la guerre. Je ne pose même pas la question à savoir si l’Afrique peut.

L’Afrique c’est le berceau de l’humanité, et aussi l’avenir de l’humanité je l’affirme. A l’allure où nous allons je reste persuadé que peut- être dans un siècle, on se retrouvera en train d’exporter des céréales en Europe. Nous avons la dérive des continents, des tsunamis ; vous voyez ce qui se passe, ceux qui ont contribué à démonter l’atmosphère, à provoquer la pollution commencent à être les premières victimes. Il ne faut pas qu’on les accompagne dans cet élan. Il faudrait qu’on se repositionne, qu’on se ressource pour valoriser notre culture, qu’on se réidentifie et qu’on cesse d’être imitant.

Revenir à soi, se reconnaître, s’identifier, être équilibré pour amorcer notre développement partant de notre philosophie parce qu’il y a une philosophie africaine. Il faut qu’on réfléchisse africain, qu’on ait la démarche africaine avec nos sensibilités africaines et c’est là qu’on peut s’imposer je suis sûr et certain. Pourquoi l’art nègre plaît- il aux Blancs, vous êtes - vous posé la question ? Un masque vous le voyez aujourd’hui le lendemain il change. Il y a une communication extrême entre le masque et l’homme, c’est ce que j’appelle l’histoire figée. Quand l’autre dit que nous n’avons pas d’histoire c’est vrai. Nous n’avons pas d’histoire puisque c’est nous l’histoire.

C’est nous l’histoire ! Il a raison il ne peut pas rentrer dans l’histoire puis qu’on est l’histoire. L’Afrique n’est pas rentrée dans l’histoire parce qu’elle est l’histoire. Il faut donc se ressourcer sinon on sera l’ennemi des mutants, des flottants sans repères. Il faut savoir d’où on vient pour mieux avancer. Ignorer le présent même le présent, s’inspirer du passé pour le futur, le présent on ne peut pas l’arrêter. Pouvez- vous me donner l’heure exacte ? Impossible de donner l’heure. Le présent est une convention, il n’existe pas. Il y a le passé et l’avenir, les deux concepts.

Aujourd’hui avec la crise alimentaire et le problème du lait chinois contaminé entraînant du même coup une crainte de consommation des produits exportés, qu’est-ce que les Africains doivent faire pour profiter de cette situation ?

C’est ce que je viens de dire. Tant qu’on va rester dans la facilité, on aime le beau, on aime le moins cher on sera toujours une société de consommation. On devrait au niveau de nos unités agro alimentaires, mettre l’accent sur le naturel, ne pas utiliser de conservateur, de colorants ; c’est ce qui peut nous sauver. Vous avez des structures de contrôle tel que le LNSP qui fait un excellent travail de constat ; mais eux ils ne font qu’un constat. Il faudrait qu’il y ait des décisions politiques fermes pour interdire l’importation de ces produits frelatés, sinon notre jeunesse en prendra un coup et notre avenir sera lourdement compromis.

Vous avez de nouvelles maladies, vous avez des dermatoses, des problèmes de stérilité masculine, etc. et tout ceci est dû à la surconsommation des produits frelatés. Je parle aussi des cosmétiques, des aérosols, des insecticides. Vous voyez, il faut qu’on se ressource, qu’on parte de nos traditions, de nos cultures, de notre nature, de notre environnement, l’écosystème ; qu’on retourne à la forêt positivement pour mieux se développer. Il faut aligner agronomie et foresterie.

Aujourd’hui avec les changements climatiques et les menaces sur les produits forestiers, est-ce que vous ne craignez pas l’avenir de votre activité ?

Non, je ne crains pas parce que j’ai été assez prévoyant. Cette année par exemple j’ai planté près de cinq cents (500) rôniers et je compte continuer avec une pépinière de près de deux mille plants de lianes. J’anticipe donc en commençant à planter. Je reste aussi très optimiste surtout avec une jeunesse responsable comme vous l’avenir est permis. Je reviens dire que les dirigeants n’ont qu’à revoir leur copie. Comme le disent les Mossi, c’est bon mais c’est pas arrivé. Il faudrait continuer et mettre l’accent sur les études supérieures et c’est ça vraiment l’avenir, les études supérieures, la recherche.

Les chercheurs burkinabè sont très hautement considérés à l’extérieur. Nous avons un capital d’intelligence inestimable, fantastique. Si les autorités remettent encore l’accent, augmentent encore les potentialités au niveau de nos universités, les mettre en condition ; parce que notre jeunesse a soif de savoir. Il y a cette volonté déjà et moi j’y crois fortement, il faut savoir les accompagner, c’est tout. Ils ont la volonté et ils ont la mémoire, je suis sûr qu’à travers ça on va s’imposer je suis très optimiste.

En tant que père de famille et innovateur, est-ce que vous comprenez les mouvements des étudiants qui sont les futurs cadres du pays ?

Mais, action - réaction, je réponds par cette phrase. Action, réaction ! Quand il fait chaud chez vous vous transpirez ? Je vous pose la question. Quand il fait chaud vous transpirez oui ou non ? Alors si vous transpirez c’est qu’il fait chaud. Si les étudiants bougent, c’est qu’ils réagissent à quelque chose. On devrait nous vos pères, nous vos dirigeants essayer de mieux comprendre pourquoi vous manifestez ! Et si on vous comprend on va essayer de résoudre ces problèmes, en ce moment il y aura moins de mouvements. Vous êtes conscients de votre avenir sinon vous n’allez pas bouger.

Il y’en a qui peuvent ne pas bouger mais s’ils ne bougent pas ça doit être inquiétant. La marche c’est quoi ? C’est une succession de chûtes. Il y a toujours le déséquilibre constant qui crée le mouvement ! Quand tout est équilibré il n’y a pas de mouvement, il n’y a pas de progrès. Je comprends très bien les mouvements estudiantins et j’essaie de les sensibiliser par rapport à la forme de manifestation. Je suis non violent parce que je privilégie plutôt la violence intellectuelle. C’est un concept et je crois que vous pourrez vous approcher pour que je vous donne ses stratégies. La violence intellectuelle, elle fait plus mal que la violence physique.

Un mot de fin que vous laissez à la jeunesse et aux décideurs du continent ?

Je suis en train de passer un témoin à la jeunesse et je reste très optimiste parce que je ne suis pas un afro-pessimiste. Je suis très optimiste pourquoi parce que, cela peut vous paraître paradoxal, nous avons beaucoup souffert c’est ce qui me rend optimiste. Je me dis que l’anesthésie est en train de finir, on commence à sentir la douleur, l’asservissement et nous sommes sûrs que nous allons prendre notre liberté, la véritable liberté ; pas l’indépendance, mais la liberté. Quand on est libre, tout est libre, l’expression de l’intelligence par les transformations.

L’Eveil Education

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